Les secrets du Haut-Koenigsbourg

Au sommet d’un éperon rocheux, un château-fort du Moyen-Âge domine les plaines d’Alsace : le légendaire Haut-Koenigsbourg. Il fascine les Alsaciens depuis près de 9 siècles, attire chaque année plus d’un demi-million de visiteurs et inspire les artistes qui croisent son chemin.

De Jean Renoir qui y a filmé une scène de « La Grande Illusion » à John Howe, illustrateur canadien du « Seigneur des Anneaux » qui y voit les traits d’une cité de l’univers de Tolkien, en passant par le réalisateur japonais Goro Miyazaki qui s’en serait inspiré pour « Les contes de Terremer », le Haut-Koenigsbourg ne cesse d’être reproduit et imité dans la culture populaire à travers le monde entier. Pourtant, ce château aujourd’hui magnifique a une histoire mouvementée et a bien failli ne plus être en état d’inspirer tous ces artistes du 20^ème siècle…

Au milieu du 12^ème siècle, la dynastie allemande des Hohenstaufen souhaite s’implanter en Alsace. Sur un col qui surplombe toute la région, les routes commerciales et les frontières, ils font donc construire un château pour asseoir le pouvoir germanique. Le donjon, aujourd’hui restauré, était déjà présent dans l’architecture de ce premier édifice.

Trois siècles plus tard, le château tombe une première fois en ruines… Au 15^ème et 16^ème siècles, l’Empereur Maximilien Ier de Habsbourg et son petit-fils le font renaître de ses cendres en le transformant en forteresse moderne. C’est de cette époque que date le Grand Bastion avec ses tours munies de canonnières pour assurer la défense du château-fort. Mais en 1633 pendant la Guerre de 30 ans, la forteresse est assiégée par les Suédois. Elle tombe à nouveau en ruines pendant plus de 200 ans…

En 1899, alors que  ce que l’on appelle désormais le Royaume de Prusse a reconquis l’Alsace, la ruine est offerte à Guillaume II dit « le Kaiser ». Il y voit un symbole du passé germanique de l’Alsace et se lance dans la restauration du Haut-Koenigsbourg en s’associant à l’architecte Bodo Ebhardt. Comment reproduire cette forteresse du Moyen-Âge en ruines depuis plus de deux siècles ?

Pour commencer ce projet ambitieux, Bodo Ebhardt effectue un maximum de fouilles et de recherches historiques pour apprendre à connaître l’état d’origine du château… Il retourne 10.000 m³ de terre et de gravats en photographiant et en archivant chaque élément, une campagne photographique sans précédent.

Il travaille ensuite sur la consolidation des parties encore existantes. Puis, pour reconstituer les parties manquantes, il étudie minutieusement les moindres documents d’archives pour y retrouver des indices. Croquis, plans, maquettes… Étape par étape, l’architecte allemand fait renaître le château du 15^ème siècle. Pour cela, tous les moyens les plus modernes des années 1900 sont mobilisés : voie de chemin de fer et locomotive pour déplacer les blocs de grès nécessaires à la reconstruction, station de pompage pour acheminer l’eau jusqu’au château, grues électrifiées…

Ce chantier devient la vitrine de la modernité et de la puissance de l’Empire allemand. En mois de 8 ans, la forteresse renaît de ses cendres et se transforme, comme le souhaitait Guillaume II, en écomusée des châteaux-forts germaniques du Moyen-Âge.